La Science-fiction, c'est n'importe quoi

janvier 06, 2022

La Science-fiction, c'est n'importe quoi

La Science-fiction

Je me permets d'interrompre votre journée et de me fendre d'un petit billet de blog sur la science-fiction. Ouais, je sais, c'est un peu le concept de la maison, mais justement, je me suis dit qu'il serait de bon ton de questionner un peu les fondements solides sur lesquels DoctriZ fut bâti. Ça fait plus d'un an qu'on existe, remettre en cause les bases me semble donc absolument indispensable (ne faites pas ça chez vous, c'est complètement con).

Bref : la science-fiction.

Alors, je vais devoir vous avouer un truc un peu honteux. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, je pensais que la SF, ben… c’était Star Wars (Le Technicien squatte mon billet, je lui retourne la politesse : Star Wars c'est de la space fantasy. Voilà, fin du débat). Et c’était trop cool. Il y avait de grands vaisseaux dans l'espace, des lasers dans tous les sens, du pewpew, et même quand c’était low budget (coucou Stargate) ben c’était pas mal sympa malgré tout. En gros, pour moi, la SF, c’était le Space Opera merveilleux bien pulp. Et c’était génial. Il n'y avait pas besoin de plus.

YEAHHHHH !!

Voilà.

Merci d’avoir lu cette chronique et… non, je vais élaborer un peu mon propos, quand même.

Malheureusement, depuis… depuis, j’ai rencontré Zelda (celle qui fait DoctriZ, là, vous savez ? Elle a une chaine Twitch et elle fait deux live-streams par semaine sur le sujet qui nous intéresse. Abonnez-vous, donnez sur Utip) - Zelda, donc, qui m’a fait lire et visionner plein des trucs de SF, et je me suis rendu compte de quelque chose d’assez surprenant. En fait, la SF, quand même, c’est vraiment n’importe quoi, hein. Il faut bien le dire. Quand même (oui, je fais une répétition volontaire. na).

Avant que vous ne sortiez vos blasters et vos airs patibulaires, je vais illustrer mon impertinence grâce à plusieurs œuvres science-fictionnelle, et je vais même commencer par une série que j’ai recommencée à regarder il y a peu : Dark Angel. Incroyable, n'est-ce pas ? Alors, pourquoi vous faire revivre les meilleurs moments de la Trilogie du Samedi sur M6 de quand vous étiez plus petit.e.s et le monde moins complexe ? Parce que je trouve que cette série synthétise bien tous les problèmes que j’ai avec ce genre de dégénérés, là.

(j’ai même mis des sources en fin d’article, c’est vous dire si je prend le truc au sérieux !)

L'actrice ne porte pas cette tenue dans la série

Attention, il y aura du spoil. C'est dit, vous pouvez plus me le reprocher, chat perché. Commençons. Le pitch de Dark Angel, pour vous resituer, c’est qu’une enfant-soldate modifiée génétiquement par l’armée essaye de survivre dans un mode post-crise économique. Voilà. Ah, et il y a une moto. Rigolez pas tout de suite, je creuse un peu le sujet.

Déjà, premier point, c’est faux, hein, l’armée elle ne modifie pas génétiquement les gens (1), on le sait. Même plus tard ce ne sera pas possible, on a des comités d’éthique, tout ça. Puis, bon, les enfants-soldats ça n’existe plus aujourd’hui (2), alors dans le futur ! Vous imaginez bien ! Pfh. L'histoire de Dark Angel s'ouvre donc sur une fake news, bravo le veau, ça commence bien.

Notre personnage principal, Max, une fois grande, est devenue livreuse sous-payée dans une boite de livraison à vélo. Alors, ouais, je vais répéter ça, tellement ça n’a pas de sens : livreuse sous-payée dans une société de livraison à vélo (3). Comme si un tel truc pouvait exister pour de vrai. Allô ? Vous ne connaissez pas la Poste ? Ils sont trop nuls dans l’univers de Dark Angel, en fait. Qui serait assez méchant pour faire sordidement travailler de pauvres gens pour livrer des trucs à vélo à travers toute la ville ?! D’autant qu’elle est à Seattle, ce n’est pas comme si le climat était hyper clément là-bas. Moi je dis : je suis de bonne volonté, mais là, on se fout de moi et j'aime pas bien ça. Alors, oui, suspension volontaire d’incrédulité, tout ça, mais il faut que ce qu’on me vende soit un minimum crédible ! J’en demande pas beaucoup, juste un peu ! Non, mais… Livreuse à vélo, quoi. En plus, on sait qu’elle est sous-payée vu qu’elle vit dans un squat, et si ça c'est pas une incohérence de plus, je ne sais pas ce que c'est ! Comme si les gens qui avaient un emploi habitaient dans des squats ou dans leurs voitures (4). Iels ont un salaire, pour payer leur maison, les citoyen.e.s qui travaillent, c'est une évidence. Comment il ferait Homer Simpson, sinon ? Et ne me dites pas que c'est pas pareil, sa vie est très bien documentée depuis plus de 30 ans. J'ai les DVD, même. Bon, je continue à regarder, mais c’est bien pour vous faire plaisir, parce que pour le moment, c’est vraiment n'importe quoi et compagnie.

En plus, c'est ultra-difficile de dormir dans ce genre de voiture

Sans parler du personnage, dont on a vu qu'elle a la crédibilité d'un vendeur en assurances, penchons-nous un peu sur l'univers. Parce que, quand même, on est servi ! Je veux dire, la crise économique (5) ! Paf ! Paye ton épouvantail pour tout justifier. La série date de l’an 2000, et je peux vous affirmer, en 2022 qu’il n’y a pas eu de crise économique majeure depuis longtemps ! La bourse se porte au mieux, il n'y a pas de raison que ça change. Tout va bien, rassurez-vous. Vous imaginez si d’un coup, les marchés s’emballaient et que la moitié du pays se retrouvait SDF (6) ? Impossible, les gouvernements, ils ne laisseraient pas faire ça. Voyons. Un peu de sérieux. En plus de cette soi-disant « crise économique », il y a des drones de la police qui harcèlent les passant.e.s dans la rue (7). Si c’est pas absurde, ça, au bout d'un moment ! Des drones ! Pourquoi pas des voitures téléguidées, ou même des chiens robots pendant qu’on y est (8) !

Mais le délire continue ! Vu qu'on est plus à une bouffée délirante près : il y a des hackeurs qui diffusent massivement des secrets d’État (9)(10) ! Hahahahaha ! Il faut arrêter la drogue, hein, dites-donc, les scénaristes.

Un hackeur avec sa cagoule réglementaire

Bon, en fait, je vais vous faire une petite liste des choses sur lesquelles la série essaye vraiment de nous prendre pour des lapereaux de 2 semaines, sinon mon logiciel de correction va râler que je répète trop « mais c’est n’importe quoi ! ». Allez, c'est parti :

– La police et le système politique corrompus (genre !)

– Les exosquelettes

– Le prix de l’essence qui explose (eye roll)

– Les checkpoint pour sortir des villes

– Des contrôles arbitraires des forces de l’ordre

– De la discrimination systémique

– L'emprisonnement des personnes qui remettent en cause la légitimité de l’Etat

– Des logiciels de corrections automatiques qui râlent s’il y a des répétitions (non, mais c’est n’importe quoi !)

Et j’en oublie sûrement plein ! C’est incroyable que ce soit passé sur la télé française sans une levée de boucliers des gens intelligents qui passent à la télé française (hein?). Je ne suis pas surpris qu’elle ait été abandonnée au bout de deux saisons seulement. Il faut être réaliste au bout d’un moment, quoi. Oui, j'ai toujours du mal à digérer le fait que l'heroïne soit livreuse Deliveroo... Heu... Pardon, livreuse a vélo ! Hum.

Mais bon, on peut se dire, c’est une vieille série, ça date d’avant Netflix (enfin, non, Netflix existait déjà, mais à ce moment-là, c’était un service de location de DVD, et ils les envoyaient par la poste ! Hé oui, prends des leçons, Dark Angel, la Poste, ça existe ! Non, mais ho !), c’est normal qu’elle soit blindée de défauts. D’autant qu’à l’époque, on pouvait pas vraiment se plaindre sur Internet, parce que c'était cher, et qu’on avait que 2 h de connexion par mois, et seulement en 56K (le bon vieux temps… Un SMS coutait 30cts, vous vous rappelez ? Et le réseau sautait le 31 décembre à 23 h).

Non, le pire, c’est que des livres de SF actuels se foutent aussi de nous ! Grâce à DoctriZ, j’ai pu lire Symphonie Atomique, d’Étienne Cunge (j’ai d’ailleurs écrit une chronique sur cet ouvrage, disponible sur ce même site ou vous êtes en ce moment même. Si, si, je vous jure !), et là, rebelote ! Le réchauffement climatique serait dû aux industries polluantes (11) ?! Arrêtez, hein, moi je sais que c’est parce qu’il y en a parmi vous qui ne font pas pipi sous la douche (je vous vois !). Le terme de solastalgie (12) est employé et répété, comme si c'était un vrai truc, il n’y a vraiment plus de limites au WTF ! Moi aussi je peux inventer des mots, si j'ai envie, hein.

Ce n’est même pas le seul brulot qui veut nous couillonner : allons faire un tour du côté du Chant des Glaces, de Jean Krug, qui nous dit que l’armée compte s’emparer des travaux universitaires pour les privatiser ! Et que la recherche serait mal financée ! Et puis quoi encore ! Elles vont très bien nos universités (13) ! Les Gardiens du Dessein de Florestan de Moor, qui nous dit peu ou prou que la seule manière de récupérer le pouvoir jalousement gardé par les ultrariches et la classe politique corrompue, c’est par une révolution violente, alors que, comme chacun sait, il faut bien travailler, être gentil avec son patron ou son manager, payer ses impôts et voter aux élections. C’est quand même pas compliqué ! Ou pire, After® d’Auriane Velten, qui elle nous fait un combo gagnant : les drones, le gouvernement corrompu ET le réchauffement climatique, et qui en plus fait vicieusement passer la pilule grâce à sa très jolie plume. Aucune honte, ces auteurices de SF. Vraiment, le sensationalisme pour vendre du papier, il faut arrêter. Et je ne vais même pas commencer à parler de La Monture de Carol Emshwiller, sinon cette chronique n’aurait pas de fin.

Enfin voilà, tout ça pour vous dire, la SF, c'est devenu n'importe quoi, c'était mieux avant, mais pas Dark Angel, et c’était vachement plus cool quand c’était Star Wars.

A l'avenir, je saurai, et je me plongerai plutôt dans un bon vieux livre de fantasy, RMD m'avait d'ailleurs proposé Dune, dans ce genre, aux Utopiales; je devrais peut-être m'y mettre. (sachez que j'ai arrêté de cautionner toutes les bêtises racontées du Technicien - Zelda)

Sur ce, gardez un peu d'espoir, mangez un peu de sarcasme et d'ironie cinq fois par jour, pensez aux familles des vitrines, et lisez de la SF, même si c'est pas Star Wars.