Pourquoi j'ai arrêté de lire


    Comment ? Le Technicien a arrêté de lire ? Depuis quand ? Est-il malade ? S'est-il cloitré ? A-t-il été coincé sur une ile déserte avec seulement 3 DVD de son choix, mais pas de télé ?

Rien de tout ça.

Si vous avez lu ma dernière chronique, j'y précisais que, cette année j'en écrirais plus, ou en tout cas plus régulièrement. Enfin, plus régulièrement que l'an dernier, quoi. Bon, ça date de janvier, donc que s'est-il passé ?

TRIGGER WARNING

Violences sexuelles et sexistes, conflits armés, racisme

Malheureusement, beaucoup de choses. Déjà, pour le contexte, j'ai commencé à lire les Witcheleurs, d'Andrzej Sapkowski, juste après mon dernier post ici-bas. J'en ai lu 4 tome et demi, et je comptais vous faire un retour sur l'ensemble de la série, avoir de la cohérence, juger l’œuvre en entier, ce genre de truc malin.. Cependant, je ne sais pas si vous savez, mais il y a eu un léger conflit international entre-temps, qui a stoppé net ma lecture. Quel rapport vous dites-vous sans doute, lecteur exigeant que vous êtes ? Et bien… on va le découvrir, justement. *geste énigmatique à la Steven Spielberg*

C'est pas Spielberg, mais close enough comme qu'on dit.

     Voyez-vous, si la plupart des personnages du Witcheleur sont à la limite de la caricature, entre le barde coureur de jupons qui ne fait que ça, qui ne pense qu'à ça et qui est défini par ça (oui, bon, il fait un peu des chansons, aussi, et est suffisamment maladroit pour se retrouver dans des situations abracadabrantesques -#Chirac- qui mettent sa vie en danger, MAIS toujours à cause dudit courage desdits jupons), la sorcière trop dark que personne ne comprend, mais dont la blessure secrète est de ne pas pouvoir avoir d'enfant (bah oui, voyons. Vraie femme porte mioche. La biolaugye, tout ça, vous savez), le pseudo Mussolini qui habille tous ses sujets en noir pour bien prouver que c'est eux les gentils, et la gamine un peu paumée qui pige rien à ce qui se passe, mais tout repose sur ses frêles épaules quand même. Ah, oui, j'allais oublier, notre héros sans peur et sans reproche, dont on nous dit qu'il est laid comme un pou, parle comme un plouc, est terrifiant, a autant d'expression qu'une brique catatonique, et que les gens considèrent comme un dératiseur de luxe. Fine équipe. Et donc, si la plupart des personnages ne sont pas si loin de la caricature (la répétition, meilleure figure de style), les situations auxquelles iels sont confrontés le sont beaucoup, beaucoup moins. Et ça explique un peu pourquoi j'ai arrêté de lire. J'vous esplique (sic).

#sorcière #dark #pain #evanescence

     Déjà, dans le premier tome, on découvre un recueil de nouvelles qu'on aurait tout aussi bien pu appeler « Les histoires de fesses de Geralt et un peu d'exposition du monde : le livre », mais qui reste malgré tout sympatoche à lire. Ça m'a fait pensé aux Confidences d'Arsène Lupin, plein d'aventures un peu rocambolesques condensées dans un petit volume, avec une nouvelle tristounette par ci, une drôle par là. Ça dégueule de sexisme, bien sûr, mais avec de la fantasy de cette époque (les années 80-90), j'ai envie de dire : qui est surpris ?

— Moi !

— Ta gueule.

Andrzej devant sa machine à écrire
 

    Le tome deux s'articule sans trop de mal avec le premier, on reste sur un recueil de nouvelles, mais avec une cohérence interne plus grande, un souffle épique plus marqué, aussi. On commence à se poser des questions sur la vie, la providence, le destin, tout ça. Il y a plus ou moins la guerre au loin, mais rien qui ne touche directement nos héros, à part à la fin. Et quand je dis la fin, je parle des 5 dernières pages, donc on est plutôt safe.

Arrive ensuite… le troisième bouquin. Alors là, ça ne rigole plus, on entre dans la Grande Histoire, avec des Gros Enjeux Politiques (oui oui, en majuscule), des trahisons, de l'espionnage, des coups de couteau dans le dos, des génocides, bref, le lot. Le méchant pseudo Mussolini en carton a envoyé sa troupe massacrer tout le monde, et une cité-État, Cintra, se fait pulvériser. La reine, qui était une pote de Geralt (notre héros) se fout en l'air en sautant depuis les remparts, et sa petite fille, Ciri (la gamine qui est un peu paumée) arrive à en réchapper sans qu'on sache trop comment (ni elle non plus d'ailleurs). Ciri et Geralt se connaissent depuis un moment, il y a eu des péripéties dans les deux premiers livres, vous les lirez si ça vous intéresse. Bref, iels finissent par se retrouver, coup de pot incroyable, et Geralt prend la gamine sous son aile un peu crasseuse.

Malgré tout, même s'ils sont en toile de fond pendant toute l'histoire, on reste assez éloigné des conflits puisqu'on suit essentiellement Ciri et Geralt à Kaer Morhen, la citadelle en ruine des sorceleurs. Dans ce vieux château, Ciri apprend à se battre, et Triss Merigold, une sorcière qui passait par là (littéralement), lui enseigne les bases de la magie. Mais attention, retournement de situation, un vilain sorcier pas beau méchant veut capturer la gamine pour la livrer au grand pas beau méchant (celui qui met des slips noirs, là) ! Parce que, vu que c'est l'héritière de Cintra, on nous laisse entendre que Herr Pas Beau veut marier la môme pour assoir son autorité sur les terres qu'il a conquises. Vilain sorcier moche retourne donc tous les pays du continent pour retrouver Ciri ! Que faire ?! Tintintinnnn… (c'est une musique stressante, faites comme si).

 

Le stress.

 

    Geralt, pas plus paniqué que ça, décide d'envoyer Ciri au temple-école à l'autre bout du monde (oui oui) pour qu'elle apprenne des trucs et reste planquée sous un faux nom, et lui va chasser le Sorcier méchant pas beau pas gentil pas sympa. Yennefer de Vengerberg, sorcière et amoureuse de toujours de Geralt (mais il y a plein de conflits artificiels entre eux qui fait qu'ils s'entendent pas super bien, tout ça tout ça, osef, c'est de toute façon pas super bien amené ni très important dans l'histoire) prend la petite Ciri comme élève en plus des cours du temple, car elle se révèle être douée d'un potentiel incroyable, le destin du monde repose sur elle, etc., vous connaissez les prophéties du genre, je vous fais pas un dessin. À la fin du livre, Yennefer embarque Ciri pour re-traverser le bordel de continent entier, qui n'est pas vraiment en guerre, mais pas loin, pour qu'elle aille apprendre à l'école de la magie. Bref, le bouquin veut vraiment que Ciri elle apprenne des trucs, mais tous les protagonistes se refilent la patate chaude. 

 

Ciri qui a un moustique dans l'oreille (pro tip, ne cherchez pas "Witcher" dans un moteur de recherche de gif, il y a des trucs très nsfw)

    Quatrième tome : C'est le bordel. Les rois des royaumes du Nord veulent provoquer un casus belli avec le méchant empereur très méchant en chaussettes en noir, qui donne du fric et des armes aux elfes du Nord, qui sont persécuté.e.s, pour qu'ils détruisent la chaine logistique des royaumes, les magiciens sont soit alliés aux rois, soit convertis à l'empereur très méchant. Ergo : le del-bor.

Ciri veut pas aller à l'école de magie, elle essaie de s'enfuir, la chasse sauvage (des espèces de spectres, on sait pas trop) lui court après, Geralt la sauve, la ramène à Yennefer, qui veut la forcer à aller a l'école. Juste après, il y a une grande réu' avec tou.s.tes les magiciens et magicienne du coin, qui finit en boucherie entre celleux qui soutiennent les rois et celleux qui veulent de l'empire, Ciri fout une raclé du diable à un capitaine de l'armée des méchants en chemisettes noires et finit par disparaître dans un tunnel magique qui explose après son passage et dynamite la moitié du bled. C'est un peu long, pas ouf, et à la fin il y a la guerre et ça s'entretue joyeusement.


Ciri se retrouve au milieu d'un désert, elle douille un peu pour survivre, croise une licorne qui lui file un coup de main, mange son pot de crème pour le visage, se fait capturer par des miliciens envoyés par le méchant empereur pas glop glop, finit par s'évader à l'aide d'un petit truand qui fait partie d'un gang, gang qui finit par l'adopter. Ciri devient donc une petite frappe qui pille et trucide les gens. Ah, et on a cette scène incroyable où, après avoir été adopté par la bande de loulous, l'un des mecs veut la violer, il se fait botter le cul par une des nanas qui… finit par la violer. YAY. Fin du livre. Alors ? Le fun ou bien ?

Fun.

 

    Voilà, j'ai arrêté ma lecture ici, même si j'ai feuilleté quelques pages du livre suivant. Pourquoi ici ? Parce qu'à ce moment-là, la guerre en Ukraine se déclenchait et que lire sur les horreurs des conflits armés en général ne me tentait pas trop.

Je n'en parle pas beaucoup dans mon résumé ultrarapide et chaotique, mais dans les livres du Witcheleur, là, il y a des scènes complètement gratuites de meurtre et de viols. Genre, BEAUCOUP. Qui sont sur des personnages qu'on ne recroise plus jamais, dont le seul but est de se faire trucider pour qu'on ait une belle description de violence gratuite. Alors, soit, on pourrait me rétorquer que c'est pour montrer que le monde il est pourri, que les gens ils sont mauvais par essence, etc., etc. Moi, je vois surtout un mélange de gore porn et de porn porn, avec une espèce de fétichisation du viol qui est ultra malsain. On nous dit que c'est pas bien, que c'est dégueulasse, tout ça, mais on nous décrit bien comme il faut tout ce qui se passe quand même, histoire qu'on soit bien sûr qu'on parle de la même chose, hein. On sait jamais, il y aurait pu avoir confusion.

Alors, je veux bien, c'est de la dark fantasy et tout, mais stop. Si je veux voir des horreurs, j'allume le 20h de TF1, j'ouvre pas un bouquin.

YAAAAYYYYYYH !

 

    Alors, en vrai, je vais modérer un peu mon propos, mais un dernier râlage : TOUS LES PERSONNAGES FÉMININS SONT DÉCRITS PAR LA FORME DE LEUR POITRINE. Voilà. Grmgnh.

Sinon qu'est-ce qu'il y a de bien ? Ben… C'est assez engagé antiracisme, en vrai. Il y a énormément de racisme présent dans la société du Witcheleur, mais il est dénoncé, et le personnage qu'on suit le subit. Il le subit tellement qu'il l'a intégré, et qu'il en souffre beaucoup, ce que je trouve très malin et relativement fin (relativement, hein, ne vous emballez pas). Aussi, les elfes qui sont utilisés comme chair à canon par une grande puissance qui leur promet le retour de leurs terres ancestrales et qui finissent par se faire bananer et finissent dans une espèce de réserve, c'est assez réaliste aussi, rapport au comportement colonial que certains pays ont pu avoir (et/ou ont toujours, d'ailleurs).

Il y a des trucs vraiment vraiment très bien foutu et assez réfléchi sur les minorités et leur position dans la société, surtout quand celle-ci est en changement. En vrai, il y a plein de trucs à sauver dans The Witcheleur, mais il y a aussi plein de trucs à oublier trèèèès vite, et le contexte ne m'aidait pas à oublier ce qui devait l'être. Ouais, c'est pas ultra clair, mais vous avez compris, vous êtes des gens intelligent.e.s et malin.gne.s, tout ça. Si, si, même toi, au fond. Allez ! Je te vois, Romain (mes excuses à tous les Romains, je n'ai rien contre Rome, ils y font même de très bonne pâtes carbo).

    Mais mon histoire ne s'arrête pas là. Si le parallèle entre The Witcheleur et la guerre européenne m'a fait arrêter de lire le premier, ça m'a aussi… bloqué. Moi qui suis d'habitude plutôt boulimique dans mes lectures, je me suis mis à la diète involontaire. J'ai essayé de lire Subtil Béton, édité chez l'Atalante, qui commence par une révolution qui échoue et des gamins qui se font percer la peau, puis mets en scène un état fasciste ultra-totalitaire et hyper technologique… Alors, je suppose qu'il se passe des trucs cools ensuite, mais je n'ai pas eu le courage.

Les Naufragés de l'Institut Fermi, édité chez Critic, dont les premiers chapitres sont très bien écrits, et je trouve l'histoire a priori assez innovante et chouette, mais le futur où le dérèglement climatique a tué TOUTE VIE et qu'il ne reste de l'humanité que des clones et des machines… Ce sera pour quand je serai mieux dans mes pompes.

La grande forme
 

    Attention, je ne veux pas du tout vous dégoûter de ces livres-là, qui, je pense sont de très bons bouquins. Subtil Béton propose des trucs vraiment très très chouettes au niveau de la forme, et Les Naufragés racontent une histoire que je n'ai jamais lue ailleurs (même si a priori, elle pourrait m'évoquer un peu Les Oiseaux du Temps, mais traité complètement différemment. D'ailleurs, si vous ne l'avez pas encore fait, lisez Les Oiseaux du Temps, c'est génial).

J'ai même entamé Le Temps des retrouvailles de Robert Sheckley, parce qu'on m'a dit qu'il était très drôle, mais j'ai arrêté. Alors, oui, c'est en effet marrant, mais la première nouvelle pousse la télé-réalité jusqu'à son comble, et on suit un personnage qui doit échapper à des tueurs engagés par la chaine de TV. Il y a un vrai travail sur l'ironie, mais encore une fois, je n'étais pas du tout dans les bonnes dispositions pour continuer.

Quand je serai plus en forme, et, espérons, que l'état du monde se sera sensiblement amélioré, je me replongerai dans ces bouquins, parce que je sens que je passe à côté de quelque chose. Mais je n'ai pas les cuillères, comme on dit.

Alors quoi ? Plus de bouquins en attendant ? Vraiment ?

 

Ma PAL ?

 

    Alors… Alors, non, quand même, j'ai trouvé chaussure à mon pied stressé. Hé oui ! De manière assez inattendue, en plus. DoctriZ a reçu un service presse des éditions Critic pour Le Second Oecumen, cycle en 5 volumes qui sortiront les uns à la suite des autres (duh) en quelques mois. C'est un space opera, écrit sous pseudo, et l'histoire, le style, même les personnages me renvoient une grosse vibe des livres Star Wars que je dévorais ado ! (je les ai presque tous lus. Plus de 300 volumes, hein. Je vous ai dit pour la boulimie littéraire ou bien... ?)

C'est un petit cocon de SF pew pew badaboom que j'aime, avec quelques enjeux politiques, mais pas trop, des perso attachants, des méta humains aux pouvoirs incroyables (AKA des jedis, mais le livre n'assume pas), des pilotes de vaisseaux spatiaux casse-cou, des contrebandiers, des hors-la-loi au cœur tendre, une destinée, un fils caché… que demander de plus ? C'est mon blockbuster doudou du moment, je kiffe. Je vous en ferai bien sûr une vrai chronique une fois que je l'aurais fini. (okay, avec le temps des correction et tout, je l'ai déjà fini, c'est vraiment un livre câlin-qui-me-rappel-mon-adolescence pour moi, dés que j'ai 5mn pour taper sur un clavier je vous en parle, promis).

Alors quoi, tout ça pour ça ? Plein plein de blabla pour dire que je suis à moitié déprimé, donc que je lis plus et que peut-être, plus tard, je vous ferais une chronique sur un truc que j'aime ? Bah ouais, désolé, c'est mon article, je fais ce que je veux. Sorry not sorry, mais un peu sorry quand même.

Malgré tout, si vous pouvez, lisez les livres que j'ai abandonnés, ils sont vraiment bien. Je vais d’ailleurs finir par me replonger dedans (sauf les Witcheleur, hein, c'est bon, j'ai donné, je sais à quoi m'attendre) parce que sur le papier, c'est vraiment ma came, quoi, il faut juste que le moral suive.

Au moment où j’écris ces lignes, j'ai repris un peu la lecture, je suis en train de dévorer Manesh de Stefan Platteau (et ouais, encore de la fantasy), en attendant impatiemment de pouvoir me jeter dans le tome 2 du Second Oecumen qui vient de sortir. Donc on peut dire que ça va mieux.

Voilà, merci de m'avoir lu, même s'il ne s'agit pas de la chronique la plus rigolote du monde.

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Des bisous, à bientôt pour du pew pew badabomm bzzdddjjjjjiouwwww !

Ouuuuh yeah !

 


Le Technicien de DoctriZ

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